“Il est à noter que les défis majeurs de la production des biocarburants au Cameroun sont liés à une conjoncture énergétique caractérisée par une grande dépendance vis-à-vis de la filière énergie fossile (hydrocarbures) et l’hydroélectricité qui ne vont pas sans dommages sur l’environnement.”

By Armel MEWOUTH, Msc in Environmental Management, Consultant at Global Village Cameroon

Dans un contexte d’augmentation du prix des produits pétroliers d’une part et des changements climatiques d’autre part, les énergies renouvelables jouent désormais un rôle primordial. On y compte les biocarburants, ces carburants produits à partir de la biomasse. Les plus courants sont les bioéthanols (pour les moteurs à essence), issus de la canne à sucre, de la betterave, du manioc et des céréales (maïs, arachide, sorgho, riz etc.) et le biodiésel (pour les moteurs diesel) provenant des huiles végétales (palme, soja, colza, jatropha, coton, noix de coco etc.). Aujourd’hui, les biocarburants représenteraient une source supplémentaire de carburant qui, loin de pouvoir remplacer le pétrole, permettrait tout de même de diminuer la dépendance énergétique actuelle à l’égard des énergies fossiles et de la macro hydroélectricité, qui jusqu’ici semblent être les mieux prisées dans notre contexte.

L’Afrique reste encore à la traîne en ce qui concerne la production de ce type de carburant. Le Cameroun se trouve être un grand producteur potentiel de biocarburants, vu son potentiel d’activités agropastorales et sa forte disposition d’espace cultivable, de déchets organiques et de matière organique végétale. L’on n’a qu’à regarder les diverses plantations de canne à sucre, de palmier à huile, et aussi les espaces de culture du Jatropha dans le Grand Nord, le Littoral, le Centre, le Sud-ouest, le Sud et l’Est pour s’en convaincre. Ainsi que quelques zones des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest. Le Jatropha particulièrement présente un fort potentiel de production dans les trois régions du septentrion.

D’ailleurs, dans ses perspectives de développement, quatre champs d’expérimentation ont été recensés pour envisager une culture à grande échelle de cette source de biocarburant, selon un témoignage de M. Edouard Nkeck, chef de la cellule de maîtrise de l’énergie au Ministère de l’Energie et de l’Eau.

Dans cet ordre d’idées, il est à noter que les défis majeurs de la production des biocarburants au Cameroun sont liés à une conjoncture énergétique caractérisée par une grande dépendance vis-à-vis de la filière énergie fossile (hydrocarbures) et l’hydroélectricité qui ne vont pas sans dommages sur l’environnement.

Selon l’Etude environnementale stratégique des impacts de production et de la commercialisation des biocarburants au Cameroun, réalisée par Global Village Cameroon (GVC), ces principaux défis sont, au plan national:

– une production des biocarburants dans des conditions durables ;

– une production des biocarburants à des coûts concurrentiels comparés aux carburants fossiles ;

– une production des biocarburants tout en assurant la cohésion sociale ;

– une mise en place d’une véritable politique nationale de production des biocarburants, afin d’orienter les stratégies et les interventions.

C’est ce dernier point qui semble réellement poser les balises décisives pour le développement de ce secteur au Cameroun. Une politique nationale de production des biocarburants orientera non seulement les stratégies et les interventions, mais aussi la prise de dispositions pour la constitution d’un cadre juridique approprié pour le secteur.